Bard : un modèle conversationnel intégré à Google
À l’heure où certains composaient déjà un requiem pour Google, obligatoirement dépassé par l’intelligence de ChatGPT, les premiers accords de la riposte s’élèvent. Google présente Bard, son I.A qui danse la LaMDA et qui risque bien de donner le tempo dans le monde de l’intelligence artificielle. L’outil est déjà testé en interne et par certains bêta-testeurs externes et devrait être disponible dans les prochaines semaines pour tout le monde.
GPT quoi ?
À moins d’avoir été enfermé dans une grotte durant les dernières semaines et d’avoir (très) soigneusement évité LinkedIn, vous avez probablement entendu parler de ChatGPT, l’outil conversationnel capable de générer du contenu développé par OpenIA.
Mot valise composé de chat, vu la présence d’un prompt utilisé pour questionner l’outil, et de GPT pour « Generative Pre-Trained Tranformer » : un modèle de traitement du langage en version 3 pré-entrainé sur des millions de textes (en résumé, il mange Wikipédia au petit-déj) pour prédire la suite d’un texte (et donc générer une réponse pertinente). Les domaines d’utilisations et les possibilités de ce dernier sont nombreuses : de la génération de blog à la création d’une stratégie advertising en passant par la correction de code. Ses résultats vont du bluffant au très moyen. Comme toujours, avec les outils, aussi avancés soient-ils, le cœur du problème est de bien l’utiliser (entendez : de rédiger une question la plus précise possible) et de l’intégrer efficacement dans son travail.
Bard : le nouveau venu dans le game des I.A. conversationnelles
L’arrivée et le bruit généré par ChatGPT a certainement accéléré les choses du côté de chez Google, qu’on sent un peu en réaction. Pourtant, l’intelligence artificielle est loin d’être une nouveauté. L’entreprise a centré énormément de ses activité autour de celle-ci (on pensera à rankbrain pour le SEO ou à cette incroyable conversation en 2018 au Google IO. Bard est donc un outil conversationnel boosté à l’Intelligence artificielle et plus particulièrement par LaMDA, un joli acronyme qui signifie Language Model for Dialogue Applications.
LaMDA, Lambada, lambaquoi ?
Comme d’autres modèles (dont GPT-3), Bard est construit autour de « Transformer » un réseau neuronal développé par Google en 2017, mais son modèle (LaMDA) est quant à lui spécifiquement construit et entrainé autour des conversations, leurs subtilités et nuances. En gros Bard, c’est votre ami extraverti et cultivé qui est capable de tenir le crachoir dans n’importe quelle circonstance, même quand on lui parle du commerce transatlantique au début du XVIe siècle ou des dernières nouveautés dans le domaine des cryptomonnaie.
Quelles différences entre ChatGPT et Bard ?
Là où ChatGPT a ingéré une quantité de data incroyable dans de nombreux endroits (dont des coins pas très recommandés du WEB), Bard (et son modèle) a été entrainé pour donner des informations basées sur des faits avec une dimension d’intérêt et d’utilité. Google a publié en 2018 un certain nombre de principes qu’ils désirent suivre dans leurs travaux sur l’I.A. et c’est ces derniers qu’ils disent suivre pour Bard.
- Être bénéfique à la société.
- Éviter de créer ou de renforcer des biais.
- Avoir la sécurité au cœur de ses préoccupations
- Être responsable envers les personnes.
- Intégrer les concepts de vie privée.
- Respecter des normes élevées d’excellence scientifique.
- Être mis à disposition pour des utilisations conformes à ces principes.
Il semble d’ailleurs que ChatGPT soit plutôt d’accord :
Quel futur pour Bard et les I.A. ?
L’apparition d’une intelligence artificielle dans les SERP est, en soi, une petite révolution, mais pas forcément un séisme : pour rappel les positions zéro et les autres pages de recherches où Google offrent une réponse sans que l’utilisateur doive cliquer sur un résultat existent depuis un moment. Dès lors, même si le nouveau modèle de Google ou celui d’OpenAI qu’on devrait voir apparaître dans Bing, vont apporter leurs lots de nouveautés, de chamboulements et de challenges intellectuels pour les experts du Search, ils ne semblent pas encore capables de toucher certains aspects moins informationnels des requêtes (chaussure en cuir noir taille 43) ou (façade de maison en bardage noir).
Reste à voir comment l’arrivée de MUM et ses capacités multimodales (images, textes, vidéos, et audio) combinée à Bard pourraient profondément modifier les SERP pour nous offrir une vrai révolution.
Des API pour les gouverner tous
Tout comme OpenAi, Google semble décidé à vouloir proposer une API pour permettre aux développeurs de proposer de nouveaux outils et de nouvelles utilisations à son modèle conversationnel. Or, c’est un élément qui ne révolutionnera pas forcément les SERP, mais pourrait bien révolutionner notre manière de travail.
ChatGPT, par exemple, permet un gain de temps incroyable en classifiant des mots clés, en rédigeant des Meta-descriptions ou tout autre tâche (et croyez-moi, on découvre de nouvelles possibilités tous les jours). Toutefois, le véritable gain de temps vient de la capacité à intégrer une requête utile (Exemple : la classification) dans un workflow, notamment en utilisant une API dans un script Google Sheets ou du code python. Une fois la requête bien construite et les réglages affinés, ils ne reste plus qu’à profiter du gain de temps sur des tâches répétitives.
Toutefois, comme précisé, si l’arrivée de ces outils est une opportunité claire, elle n’est pas encore l’eldorado que certaines publications voudraient nous faire croire et la capacité à l’utiliser avec finesse et efficacité reste dépendante d’une connaissance de l’environnement, mais encore plus de l’expertise. Pour faire simple, demander à ChatGPT de construire une stratégie social Ads et la partager sur LinkedIn est une chose, la mettre réellement en place et la faire fructifier avec efficacité en est une autre.
Pour conclure, les dernières avancées en termes d’intelligence artificielle sont réellement excitantes et promettent de vrais changements dans notre manière de travailler mais aussi dans les moteurs de recherches. Toutefois, il reste complexe d’en percevoir tous les impacts, positifs ou négatifs.