Pourquoi un sondage relatif à l’implantation d’Alibaba en Belgique ?
L’histoire commence par un simple dîner. Au cours du repas, l’implantation future du géant chinois dans le bassin Liégeois fait débat. La couverture médiatique intense dont elle fait l’objet n’est pas étrangère à cet état de fait. A table, si tous s’entendent sur le fait que l’Asie va certainement jouer un rôle prépondérant dans l’évolution du e-commerce, les avis concernant Alibaba divergent.
Et puis, l’un des protagonistes clôt le débat avec cette affirmation : « avant de prendre de l’ampleur, il faudra redorer l’image d’Alibaba. Pour le moment, ils fournissent surtout les stands sur les foires avec des produits médiocres et bon marché…. ».
Les choses auraient pu en rester là mais nous étions curieux d’évaluer la véracité de ce dernier propos. Car si Alibaba ne fait pas toujours l’unanimité, il est évident que son expansion passera par la conquête de l’Europe.
Mais qui est Alibaba ?
Souvent surnommée « L’Amazon Chinois », cette pieuvre de l’e-commerce est, à bien des égards, la plus grande plateforme de vente en ligne au monde. L’an dernier, Alibaba a enregistré une croissance de 56% de son chiffre d’affaires et a, de par ce fait, confirmé sa place de leader de l’e-commerce en Chine. Certes, ses revenus restent inférieurs à ceux d’Amazon mais cela est probablement dû au fait que, sur le vieux continent et aux Etats-Unis, Alibaba a des allures de Petit Poucet en comparaison du groupe de Monsieur Bezos.
Par ailleurs, Alibaba se calque sur son homologue américain et diversifie ses activités : « Cloud », solutions de payement, commerces physiques, etc. Pour l’instant, c’est toujours la vente en ligne qui représente l’écrasante majorité des revenus du groupe. L’an dernier, alors que son hub logistique n’est pas encore ouvert à Liège, le géant chinois réalisait un chiffre d’affaires de 200 millions au plat pays.
En Chine, 8 achats en ligne sur 10 se font via une plateforme détenue par le groupe Alibaba. Un marché qui d’ici 2020 pourrait dépasser les 2 trilliards de dollars.
Note concernant le graphique ci-dessus : les montants sont exprimés en Yuan. Les 250,3 milliards de chiffre d’affaires enregistrés l’an dernier correspondent à 31,8 milliards d’euros.
Alibaba : le B2B comme point de départ
Alibaba a vu le jour dans un contexte particulier. A la fin des années 90, la Chine s’ouvre à l’économie de marché et les ménages consomment davantage. Cette croissance attire les acteurs étrangers qui éprouvent parfois des difficultés à s’implanter dans l’empire du milieu. C’est de ce constat qu’est née Alibaba : une plateforme B2B qui met en relation usines et grossistes, chinois et étrangers.
Une stratégie B2B qui, aujourd’hui encore, porte le groupe Alibaba. D’ailleurs, lors de la première édition du B2B BeCommerce Summit, Jack Peter, Business Development Director Benelux d’Alibaba, avait partagé une infime partie de la stratégie choisie par le groupe chinois pour développer ses activités sur le vieux continent.
Un plan qui, bien entendu, s’appuyait sur le déploiement rapide d’une plateforme B2B adaptée aux marchés européens. Une approche qui semblait sensée mais qui, il est vrai, ne s’appuyait pas sur des éléments concrets (si ce n’est l’absence de réelle concurrence).
Voilà pourquoi nous voulions connaître le point de vue des entreprises quant à l’implantation future du géant chinois à Liège. Quelle perception ont les PME wallonnes de ce groupe devenu incontournable dans l’univers du e-commerce et plus précisément de son moteur, la plateforme B2B Alibaba ?
Les résultats en un coup d’œil
Conclusions
Les prédictions vont bon train en ce qui concerne les investissements d’Alibaba en Europe. Certaines sources allemandes pensent même qu’un avant-poste logistique serait déjà actif en Belgique. Ces spéculations, supportées par la rencontre entre Jack Ma – le fondateur d’Alibaba Group – et Monsieur Le Premier Ministre Charles Michel, démontrent clairement que la plateforme e-commerce désire rapidement se positionner sur le vieux continent. Par ailleurs, Jack Ma exprimait en mars dernier au président Emmanuel Macron son désir d’investir dans la logistique en France.
Cependant, si le groupe ne fait pas de secret concernant ses ambitions, il devra consolider ses bases au risque de ressembler à un colosse aux pieds d’argile. Car les PME wallonnes semblent avoir besoin d’être rassurées. Gageons qu’il se peut que cette image peu reluisante soit le fruit d’une mauvaise compréhension de cette plateforme B2B et des nombreux secrets qu’elle recèle.
Nous concluons d’ailleurs sur une note positive puisque de nombreuses entreprises nous ont confiées être en train d’investiguer les possibilités offertes par d’autres plateformes du groupe Alibaba. Nous pensons notamment à Tmall (orientée B2C) et Taobao (orientée C2C voire B2C mais pour les petites structures) qui peuvent être de beaux tremplins au développement d’activités commerciales sur les marchés asiatiques.
Note des auteurs
La présente étude a été adressée aux membres de la CCI Liège-Verviers-Namur. Cette association compte 2000 membres dont 750 ont été invités à prendre part à notre enquête. Avec 95 réponses récoltées, nous avons enregistré un excellent taux de participation de 12,6%. Ayant établi notre niveau de confiance à 80% et maintenu la proportion à 50%, nous estimons la marge d’erreur à 4,1%.
Nous attirons également l’attention de nos lecteurs sur le fait que le profil des entreprises ayant participé à notre enquête est représentatif du paysage wallon. La répartition des répondants en matière de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de durée de vie correspond aux chiffres présentés dans le dernier rapport PME publié par Graydon et redigé en collaboration avec l’UCM et l’Unizo.